E-administration, quels enjeux et quelles perspectives ? Découvrez notre veille dédiée

img01.jpg

E-administration, quels enjeux et quelles perspectives ?

Découvrez notre veille dédiée

A l'heure où le gouvernement promet la dématérialisation complète des administrations publiques d'ici à 2022, cette veille présente un état des lieux de la situation en France, des ambitions affichées et des projets mis en oeuvre par l'exécutif.

Au delà de l’objectif annoncé d’une réduction des dépenses publiques à hauteur de 3% du PIB d’ici 2022, cette mutation suggère également un changement de paradigme au sein des administrations. Un modèle plus transparent et plus simple, au service de l’usager, pourrait enfin voir le jour, c’est du moins l’intention.

Nous verrons que ces ambitions semblent aujourd’hui comprises voire plébiscitées par une large majorité de Français. Ce qui n’empêche pas une inquiétude latente, des administrés aussi bien que des agents de l’Etat, au regard de la sécurité des données d’une part, et de l’accompagnement technique et pédagogique des personnes de l’autre.

En perspective, nous examinerons le modèle estonien, qui par son intégration et sa cohérence s'impose en référence, jusqu'à conceptualiser « l'état plateforme » et de quelques autres pays avancés dont la France peut tirer des enseignements.

L'étude de ces expériences nous montre que le processus de transformation numérique des administrations ne peut se limiter à la mise en place de services en ordre dispersés, mais doit s'appuyer sur des préalables constituant une politique globale :

- Assurer des infrastructures numériques de qualité, indispensables à une connexion fluide et fiable sur l'ensemble du territoire ;

- Former l'ensemble de la population à l'usage des outils numériques, y compris à l’adoption de comportements sains en terme de sécurité. Les premiers concernés étant bien sur les fonctionnaires et contractuels de l’Etat ;

- Introduire une véritable culture numérique dans les administrations, impliquant logique de transparence, écoute et implication des usagers. L’émergence de nouveaux corps de métier dans les services de l’Etat en est le préalable ;

- Conjointement, faire évoluer les services publics vers un modèle orienté utilisateur, ou les administrés seraient considérés individuellement, leurs besoins et attentes continuellement pris en considération pour faire évoluer les systèmes digitalisés ;

- Mettre en place une identité numérique sécurisée, celle-ci se devant d’être unique, et utilisable à terme dans tout l’espace européen comme le prévoit la directive eIDAS ;

- Enfin, mettre en place une plateforme d'échange d'informations sécurisée afin de permettre l'interopérabilité entre l'ensemble des administrations et des services publics ou privés qui seront amenés à s’y connecter. La confiance des utilisateurs, primordiale, ne devra être entravée d’aucun doute sur la confidentialité des données ou leur utilisation.

Si l'on met de côté les multiples micro-projets initiés à ce jour par différentes administrations, et dont on peine à percevoir la cohérence globale, on voit toutefois bien apparaître dans les annonces récentes du gouvernement le souci de mettre en place ces préalables, avec l'accélération du plan haut-débit, le développement d'un cloud administratif sécurisé, la réflexion en cours autour d'une carte d'identité numérique, le recrutement de spécialistes de la culture numérique dans diverses administrations ou encore la promesse de la mise en place de la règle « dites-le nous une fois ». Un accès ouvert aux données numériques produites et détenues par le secteur public se déploie également progressivement, même si les obstacles semblent nombreux et qu’il fait encore l’objet de nombreux débats.

Pour autant il est difficile à ce jour d'évaluer la pertinence des outils en construction et d'évaluer la distance à parcourir entre les annonces et la réalité qui nous attend.

La dématérialisation complète annoncée en 2022 transformera-t-elle l'administration française à l'image de l'exemple estonien dont veut s'inspirer, « sans le copier », le Premier ministre. Ou faut-il s'attendre à des années encore de complications à l'image des déboires du Dossier Médical Partagé, qui peine à se mettre en place depuis quinze ans déjà ?

Si la France veut s'inspirer de l'Estonie elle devra d'une part remplir les préalables précités, d'autre part tenir compte de ce qui l'en différencie. Contrairement à l’Estonie, notre pays ne part pas d'une page blanche et devra donc faire évoluer profondément la culture de son administration et adapter une législation complexe.

Enfin, saurons-nous saisir l’impératif de cette transformation numérique pour refondre la philosophie de l’action publique en France et sortir enfin de ce vieux paradigme d’une administration au service de l’Etat pour la rendre comptable devant les citoyens ?

Voilà les défis qui sont devant nous.

Découvrez notre veille complète sur l’e-administration : Accès à la veille



Edouard Fillias